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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 08:34

A mes nombreux ami(e)s et collègues qui quittent la Tunisie pour aller enseigner ailleurs. Vous êtes de plus en plus nombreux (et nombreuses) à choisir l’exil. Nous allons lentement et surement vers ce que j’ai appelé des universités en manque d’universitaires. Une véritable hémorragie nationale. Mais, je vous comprends. La plus déçue par ma nomination à la tête de l’ISCAE en 2009 fut ma femme. Nous étions à deux semaines de partir à Austin au Texas, et à 6 mois de la naissance de ma fille qui aurait obtenu la nationalité américaine. Par jalousie ou par sincère amitié d’autres personnes étaient également déçues mais me gratifiaient de leur hypocrisie. En acceptant de servir mon pays dans une école de commerce réputée pour sa « dureté », en sacrifiant une possibilité d’entamer une carrière aux USA, en me résignant à mettre de côté mes recherches pour me dédier à l’administration pour un revenu d’à peine 10 dinars par jour, j’étais tout à fait conscient de l’ingratitude des uns et des autres et des risques que je prenais en me frottant à un « système » envers lequel je nourrissais beaucoup plus que des préjugés. Mais je savais qu’on ne change pas l’université et encore moins la Tunisie dans les cafés, les soirées et les salons feutrés des droits de l’hommistes qui se réfugiaient dans leurs belles théories et dans leurs grands principes pour mieux tourner le dos à leur réalité. Avant la révolution j’avais moi-même fait le choix de m’exiler avant d’y renoncer pour me battre sur le front de notre triste réalité (y compris administrative). Je ne vous demande pas de revenir en Tunisie (même si cela pourrait faire des miracles), je ne vous demande pas non plus d’aider la Tunisie, parce que votre pays est plus grand que de demander l’aumône à ses enfants. Je vous demande tout simplement de ne pas insulter cette terre et ses habitants. De ne pas prendre la grosse tête et de ne pas transformer votre dépit en du mépris. Merci

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